Des nouvelles de notre PROJET GARDEN TOWER au Myanmar !
Contexte de notre d’intervention :
Ce projet intervient dans la région de Magway, dans le centre du Myanmar. Cette zone est connue pour son climat aride et ses faibles pluies (750-800 mm/an) d’où son surnom de Dry Zone. Avec une pluviométrie de plus en plus aléatoire, une déforestation massive (800 hectares disparaissent chaque année, selon un rapport de l’UNCCD en 2011) et un réchauffement climatique causant de terribles sécheresses tuant chaque année récolte et troupeau, la situation de la région est dramatique.
Beaucoup de fermiers utilisent de plus en plus d’engrais et de pesticides chimiques afin d’améliorer leur récolte, sans succès. Pire, ils perdent souvent leurs terres à cause de l’endettement dû à l’achat de produits phytosanitaires et de l’érosion. Sans terres, ils se retrouvent dans une grande précarité. Souvent, ils se vendent comme force de travail dans les champs, un travail pénible et précaire. D’autres tentent leurs chances dans les grandes villes, venant souvent gonfler les bidonvilles de Mandalay et de Yangon.
Après une première enquête auprès de ces personnes vulnérables, nous avons étudié les moyens de produire des légumes sans avoir accès à la terre, ainsi est né le projet Garden Tower. Le concept est particulièrement adapté au contexte de la Dry-Zone, car ce singulier système fonctionne avec 90 % en moins d’eau qu’une culture normale et produit une grande quantité de légumes sur de petites surfaces.
Dans un contexte où les villages sélectionnés sont en stress hydrique et où l’accès à la terre est problématique, cette technologie est particulièrement adaptée. Toutes les personnes que nous avons rencontrées lors des enquêtes étaient très intéressées pour acquérir ce système. Pour eux, c’était une chance de pouvoir produire des légumes chez eux.
Informations générales à propos de la mise en place du projet
L’objectif principal du projet Garden Towers, est de transformer de simples barils en plastique, en un jardin vertical très productif et cela durant toute l’année. Cette technologie est une première au Myanmar, en Amérique du Sud, ce système est déjà utilisé dans les favelas du Brésil. Nous avons testé également par nous-mêmes dans notre bureau local, les résultats ont été significatifs.
Alors comment ça marche ces Garden Towers ?
C’est un simple baril en plastique d’une centaine de litres qui est transformé en une tour verticale visant à produire fruits et légumes. Pour cela des trous sont réalisés sur les côtés afin d’installer des plants (une quarantaine). Au centre, se trouve un tube à compost. Les bénéficiaires de notre projet mettront chaque jour leurs déchets de cuisine à l’intérieur pour que les vers de terre (additionnés au préalable) décomposent la matière et enrichissent la terre autour de ce tube. Ainsi chargée de matière organique de premier choix (les déjections de vers sont excellentes pour le
sol), les plantes ont accès à une source intarissable de nutriments. De plus, une terre enrichie de cette manière demande beaucoup moins d’eau que la normale.
L’avantage de ce baril, c’est que rien ne se perd, l’excédent d’eau est récupéré par le dessous (chargé en nutriments également et sert d’engrais liquide) et est remis dans le baril par la suite. La Garden Towers fonctionne en circuit fermé, eau et nutriment sont piégés dans le baril et les plantes en profitent largement. Cette structure permet d’utiliser 90 % d’eau en moins que la normale et reste constamment fertile grâce au tube à compost.
Les bénéficiaires du projet
▪ Foyer les plus vulnérables :
Personnes sans terres : le cycle de l’endettement est un problème majeur en Dry-Zone. Propres à la classe paysanne, les fermiers s’endettent souvent en début de culture pour assurer l’achat de leurs semences, de leurs engrais et pesticides, ainsi que pour payer la main-d’œuvre nécessaire à la préparation du sol. Cependant, si la récolte n’est pas bonne, ils peuvent tout perdre et doivent se résigner à vendre leurs terres pour rembourser leurs prêts. Très souvent, ils deviennent des travailleurs saisonniers, un travail harassant et tributaire des champs des voisins pour subvenir à leurs besoins. Les périodes de travail ne durent que pendant la saison des pluies, le reste de l’année ils doivent émigrer pour trouver du travail ailleurs. La plupart sont âgés de 20 à 45 ans.
Personnes en situation de vulnérabilité : cette catégorie de bénéficiaire est assez large, on peut y retrouver des femmes veuves et chefs de famille, des handicapés physiques, ou alors des personnes âgées ne pouvant plus subvenir à leurs besoins. Pour celles et ceux qui peuvent encore travailler, ils partent aussi dans les champs pour désherber ou planter pour les voisins moyennant finances. Une situation tout aussi précaire où parfois seule la solidarité de tout un village peut les aider à s’en sortir.
▪ Les écoliers et leurs professeurs :
Ce public a été visé parce que nous considérons qu’il était intéressant de sensibiliser des jeunes au respect de la nature et de leur faire comprendre comment fonctionne la vie d’un sol à travers ses acteurs clés, comme le ver de terre. Aussi, de montrer comment on peut enrichir un sol et le protéger par le biais d’un apport de matière organique (comme les déchets de cuisine) et d’un paillage (pour limiter l’évapotranspiration). A partir du moment où l’on commence à comprendre le fonctionnement de quelque chose, on est plus apte à le protéger.
Les légumes issus de leurs Garden Towers leur seront également un apport nutritionnel lors des saisons où le prix des fruits et légumes sont élevés.
▪ Les fermiers dans les villages d’intervention :
Ce projet est le commencement de quelque chose qui ira plus loin. Nous espérons motiver les fermiers de nos zones d’intervention à s’investir davantage dans des pratiques plus durables. L’objectif c’est qu’ils soient avant tout gagnants dans l’histoire. Les bénéficiaires de notre projet étaient pour la plupart des fermiers ayant perdu leurs terres. Nous souhaitons casser ce cercle vicieux. Grâce aux techniques présentes dans le système Garden Tower, nous espérons installer de la curiosité parmi eux, pour les pousser à suivre la voie de pratiques plus écologiques, afin qu’ils deviennent plus résilients et autonomes.